Les philosophes meurent aussi

Publié le par Michel Meurant

Chapitre VI suite

De retour dans le bureau il appela HURET.
    - Commandant, pouvez-vous passer me voir immédiatement ?
    - Pas de problème, je suis au commissariat, j’arrive.

    Il ne fut pas long à s’asseoir en face de lui.
    - Vous ne deviez pas voir la proviseur ?
    - Effectivement ! Je suis allé au lycée en début d’après-midi. J’ai demandé à la voir. Elle m’a fait répondre qu’elle était occupée et qu’elle ne pourrait pas me voir aujourd’hui.
    - Je sais !
    - Comment vous savez ça ?
    - Elle sort d’ici !
    - La vache ! Elle est venue se plaindre ?
    - Pas du tout ! Je crois que vous lui avez fait peur, qu’elle a ressenti votre question comme une agression et…
    - C’est ça qu’elle est venue vous dire et c’est pour ça que vous me faites venir ?
    - Ne vous fâchez pas, me montez pas sur vos grands chevaux…je vous explique…
    - J’avais compris !
    - Calmez- vous ! Elle est venue me dire qu’elle était disposée à nous donner les noms de celles de ses professeurs qui avaient été les maîtresses de GAUTHIER, il y a une élève aussi, mais…
    - Ah, il y a un mais !
    - Elle ne veut pas le faire par écrit.
    - Pas grave, on traitera ça en renseignement !
    - Parfait ! Je lui ai dit que vous passeriez la voir pour recueillir ces informations.
    - Impeccable !
    - Ce n’est pas tout ! Je lui ai posé la question qui vous avait conduit au lycée, à propos de la famille de GAUTHIER . Elle a confirmé ce que nous savions, mais elle a ajouté qu’il possédait un appartement à Paris. Tenez, voilà l’adresse !
    - On tient peut-être la garçonnière !
    - Peut-être, mais pour l’instant vous filez à Paris avec les clés que vous avez trouvées chez lui et vous me faites une perquisition en règle…à fond ! Vu l’heure vous avez encore le temps de la commencer avant vingt et une heures.
    - J’y cours, dit-il en se levant.
    La sonnerie du téléphone le rassit.
    - Oui…bonjour Monsieur GILBERT…non, vous ne me dérangez pas…je suis avec le commandant HURET de la P.J. qui dirige l’enquête de police…je branche le haut-parleur !
    Le  toxicologue leur révéla que son expertise était terminée et qu’elle confirmait que GAUTHIER était toxicomane, consommateur moyen de cocaïne, et que, grâce à la longueur de ses cheveux, on pouvait dire qu’il consommait depuis des mois, voire des années.
    - Merci docteur…votre rapport suit ?...parfait !
    Bon ! Eh bien DURION avait vu juste. Ouvrez l’œil pendant votre perquisition.
    HURET disparut avant que l’avocat général ait pu ajouter quoi que ce soit.
    Il avisa le Parquet de Paris du déplacement du commandant. Celui-ci prendrait attache avec un OPJ territorialement compétent sur le cinquième arrondissement, qui l’assisterait pour la perquisition.
    C’était la procédure.

Rentré à l’hôtel, il s’installa en terrasse, se fit servir un whisky qu’il savoura dans la douceur du soir qui venait. 
    Sans se le dire, il attendait Justine.
    La sonnerie de son téléphone vint le distraire.
    Le commandant et une partie de son équipe étaient à Paris. Les clés trouvées dans l’appartement de GAUTHIER à S… étaient bien celles de l’appartement parisien. Ils commençaient la perquisition. 
    Il était un peu plus de vingt heures.
    Une heure plus tard, Justine n’avait toujours pas paru. Il avait résisté à la tentation de l’appeler. Il se fit servir son dîner. Elle arriva alors qu’il le terminait.
    Elle était visiblement de mauvaise humeur.
    Sans préambule, elle l’attaqua :
    - Qu’est-ce qui vous a pris ce matin ?
    - Pardon ?
    - Oui, vous ne vouliez pas que je parle avec HURET ! Qu’est-ce que vous redoutez ? je n’ai pas besoin de vous pour m’entretenir avec lui…Vous êtes jaloux ?
    - Ma parole, vous me faites une scène ! C’est trop mignon, dit-il en éclatant de rire.
    - Je n’ai pas envie de rire. Je suis épuisée ! demain je rentre à Paris !
    - Vous en avez déjà assez d’être près de moi ?
    - Vous savez bien que non, répondit-elle en se radoucissant, ce n’est pas la question…mais quelle journée ! Vous ce matin qui faites écran entre HURET et moi et le reste a été à l’avenant. Les flics ne veulent rien dire…
    - Les braves gens !
    - Moquez-vous…La proviseur qui ne veut pas me recevoir…
    - Si ça peut vous consoler, elle a également refusé de recevoir HURET .
    - Ah bon ! Drôle de bonne femme…ça ne me console pas…vous, vous pouvez toujours la convoquer…
    Les collègues de GAUTHIER qui me fuient ou qui n’ont rien à dire lorsque je parviens à en coincer un…
    La famille de GAUTHIER aux abonnés absents…
    Rien… ! Je n’ai rien appris aujourd’hui…C’est une affaire de…
    Elle se reprit : Pardon, j’allais être grossière…parfois ça soulage !
    - Rassurez-vous, nous ne savons pas grand-chose non plus, lui mentit-il.
    - Dites-moi quelque chose !
    - Justine… ! Vous savez bien !
    - Oui, je sais…nos relations ne doivent pas empiéter sur nos activités professionnelles…je suis une pauvre journaliste en détresse, finit-elle par dire dans un  sourire malin.
    - Dinez, vous irez mieux ensuite. Je suis sûr que vous n’avez rien avalé depuis ce matin.
    - Tout juste !
    Elle suivit son conseil.
    Lorsqu’ils se séparèrent, tard dans la soirée, sa mauvaise humeur avait disparu.
    - J’espère qu’elle a changé d’avis…qu’elle ne rentrera pas à Paris Demain…Comme je la  connais, elle n’abandonnera pas… !
    Peut-être essayait-il de se rassurer.


 

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